Et si la sobriété était LA bonne résolution ?

Nous n’avons jamais autant entendu parlé de « sobriété » ! Elle est progressivement reconnue et prise en compte mais reste trop souvent mal comprise et suscite certaines idées reçues freinant son acceptation et sa mise en œuvre.

La sobriété, c’est quoi ?

La sobriété est un concept qui peut avoir différentes significations en fonction du contexte dans lequel il est utilisé. De manière générale, elle fait référence à un mode de vie caractérisé par la modération, la retenue et la simplicité.

Appliquée à la consommation, la sobriété implique de réduire la dépendance à la consommation excessive de biens matériels. Être sobre dans sa consommation signifie acheter et posséder uniquement ce qui est nécessaire, en évitant le gaspillage et les comportements de surconsommation.

La sobriété numérique, quant à elle, implique la limitation de l’usage des technologies numériques telles que les smartphones, les réseaux sociaux et les jeux vidéo. La sobriété numérique vise à éviter la dépendance excessive et à favoriser une utilisation plus consciente et équilibrée de la technologie. A ce titre, il est intéressant de suivre sa consommation d’écran car le compteur monte plus vite que ce l’on pourrait imaginer !

Enfin, la sobriété énergétique est un concept qui se réfère à l’utilisation responsable et mesurée de l’énergie, dans le but de réduire la consommation globale et de minimiser l’impact environnemental associé à la production et à l’utilisation de l’énergie.

La sobriété énergétique repose sur l’idée de remettre en question les habitudes de consommation énergétique et de chercher des moyens de réduire la demande d’énergie :

  • Efficacité énergétique

Cela implique d’adopter des technologies et des pratiques qui permettent d’utiliser l’énergie de manière efficace, en réduisant les pertes et en améliorant les processus de conversion.

  • Conservation de l’énergie

Il s’agit de réduire la consommation d’énergie en adoptant des comportements économes, comme éteindre les lumières lorsqu’elles ne sont pas utilisées, utiliser des appareils électroménagers à faible consommation d’énergie, etc.

  • Choix de sources d’énergie durables

Privilégier les sources d’énergie renouvelables, telles que l’énergie solaire, éolienne, hydraulique ou géothermique, qui ont un impact réduit par rapport aux énergies fossiles.

Comment intégrer la sobriété au quotidien ?

1. Transports : vers une mobilité plus douce

Le secteur des transports représente le premier poste d’émissions de gaz à effet de serre en France. Nous pouvons continuer à nous déplacer tout en étant plus sobres. La réduction des distances parcourues, présentée par l’association négaWatt, concerne en premier les déplacements contraints (domicile-travail). Le développement du télétravail permet de réduire de nombreux trajets, tout en augmentant la productivité et le bien-être des salariés. Une meilleure organisation de l’espace, qui développerait davantage les logements avec des bâtiments de bureaux et des surfaces commerciales, permettrait aux personnes de réduire les distances des déplacements.

Des pays comme la Belgique ou les Pays-Bas ont largement favorisé le télétravail : on y trouve un taux de télétravail 3 à 4 fois plus élevé qu’en France. Ces pays sont également les champions des pistes cyclables qui encouragent la pratique du vélo, de manière sécurisée.

2. Bâtiment : vers des équipements électriques plus sobres

Les bâtiments représentent le premier secteur consommateur d’énergie. Au-delà de la nécessité d’une rénovation thermique de l’ensemble du parc, il existe un véritable potentiel de sobriété dans la conception et la construction des bâtiments, et dans leur utilisation.

  • Une modération du nombre d’équipements électriques

Nous sommes entourés d’appareils en tout genre, qui sont certes plus efficaces en énergie que par le passé mais dont le nombre, la taille et les fonctionnalités augmentent. La consommation d’électricité dans les secteurs résidentiel et tertiaire a été multipliée par 6 depuis les années 70 ! Parfois inutiles, redondants et vite obsolètes, ces appareils ne nous comblent pas forcément sur le long terme.

  • Un éclairage moins excessif

Les LED s’imposent de plus en plus dans le domaine de l’éclairage. Elles consomment beaucoup moins que les anciennes ampoules mais on met partout et de manière déraisonnable. Il existe des techniques faciles et peu coûteuses à mettre en place : recours à la lumière naturelle, détecteurs de présence, éclairage à la demande, etc. qui permettent de réduire drastiquement ces excès.

3. Agriculture et alimentation : vers une consommation faite de sens

Le slogan « Évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé » nous rappelle les recommandations publiques. Nous consommons en moyenne 45 % de protéines en trop et 25 % de sucre en excès. Ajoutons aussi « trop riche, trop raffiné, trop transformé »… et « trop emballés ». C’est bien à l’ensemble de ces surconsommations qu’il convient de s’attaquer en priorité.

En matière d’alimentation, la sobriété consiste aussi à lutter contre le gaspillage alimentaire estimé entre 20 et 40 % des denrées alimentaires mises sur le marché. La loi sur la transition énergétique a fixé l’objectif de diviser par deux ces pertes d’ici 2025. Certains acteurs, comme Phénix, ont permis de faciliter et d’accélérer la redistribution à des organismes caritatifs.

4. Industrie : vers une production durable

  • Allonger la durée de vie des objets : réutiliser, réparer et mutualiser

En réduisant les produits jetables (via leur interdiction pour certains comme la vaisselle en plastique) et en réintroduisant la consigne pour le verre et certains plastiques (PET), il est possible de réutiliser davantage nos objets.

La réparation peut être favorisée par une période de garantie plus longue des produits ainsi que par la standardisation et la disponibilité des pièces détachées. Enfin, l’auto-partage, les buanderies collectives, le co-working ou tout simplement le marché de l’occasion, en augmentation ces dernières années, sont des exemples de mutualisation vertueuse. C’est ainsi que l’enterprise Murfy a réussi le pari de la réparation de l’électroménager plutôt que du rachat à neuf.

Et si la sobriété était la clé d’une société solidaire ?

L’accès à une énergie surabondante et très peu chère, une économie fondée sur une consommation de plus en plus effrénée de produits souvent peu durables, voire jetables, le culte du toujours plus vite… toutes ces évolutions ont contribué à construire le mythe d’une société où le bonheur passerait par l’accumulation de biens et la satisfaction immédiate de besoins pas toujours essentiels.

Les conséquences néfastes se font sentir : pollution de l’air et de l’eau, conflits pour l’accès aux ressources, augmentation des inégalités, climat déréglé, extinction de nombreuses espèces animales et végétales… Revoir le socle de ce qui nous amène à faire société devient indispensable.

Si la sobriété suggère en partie des choix individuels, c’est bien une vision collective d’un futur désirable pour tous qui permettra de la généraliser. En adoptant une approche de sobriété à petite et grande échelle, il est possible de contribuer à la transition vers une société plus durable et écologiquement responsable.

Première étape incontournable de la réconciliation de l’humanité avec la planète qui l’héberge, la sobriété est aussi un vrai projet de société solidaire où chacun limite volontairement son empreinte écologique pour permettre à d’autres, moins bien lotis, de vivre mieux. La promesse d’un avenir plus juste et plus soutenable.

La sobriété, résolution de l'année
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